Nalgon (Bal Tamou) de Jean Regis RAMSAMY-NADARASSIN

Nalgon, plus connu à la Réunion par l'appellation : Bal Tamoul est une sorte de théâtre populaire chanté apporté à la Réunion par les engagés indiens. Le Nalgon est une tradition qui est encore présente sur l'île. Nous vous proposons de découvrir un excellent livre, rare et complet sur le sujet.

Nalgon, ou le théâtre chanté réunionnais...

Nalgon, n’est pas un acte de militantisme mais un hommage à une tradition malbar. Une recherche pour laquelle l’auteur a consacré plusieurs. Il a rencontré les derniers acteurs de cette tradition (notamment les Vartial, les chef d’orchestre) et les comédiens qui les entourent. De Saint-Benoît à Saint-Pierre, il n’a pas ménagé ses efforts pour dialoguer avec eux afin qu’ils témoignent de cet art tamoul. En 2009 l’ouvrage est sorti (Azalées Editions), et a donné lieu à plusieurs conférences à St Pierre et St Denis.

 

Le « bal tamoul » ou encore « Nalgon » fut plus prisé par les travailleurs indiens. Ils avaient apporté dans leurs bagages ce divertissement.

Pourquoi bal ?  comme celui du 14 juillet, le bal la poussière ou s’agit-il d’une déformation encore une fois du nom d’une pratique ancestrale ?  Beaucoup d’entre nous sont surpris de savoir, que la pratique de ce « théâtre de rue », existait à la fin de l’esclavage. L’auteur de Nalgon, a mis en exergue une correspondance de 1849, prouvant son existence. En 1849, il existait déjà puisque le maire de Saint-Benoît, J.B. Hubert de Delisle, dans une missive adressée au Directeur de l’Intérieur, craignait que cette attraction ne sème le désordre dans sa commune. En réalité, il ne demandait pas la suppression de ce bal, dont il apparaît clairement qu’il avait saisi l’importance pour ses travailleurs, tout au plus voulait-il le réglementer afin de canaliser le public.

 

 Dans ce travail, il est enfin à observer que plusieurs personnalité du Sud, se trouvent en bonne position tels la famille Valeama, et son responsable Auguste Valeama, tonton Ringou, aussi la famille Amouny.

 

 

Un spectacle au Lazaret...

Il faut à la vérité reconnaître que ce texte savoureux était déjà connu du grand public de la fin du 19e siècle, puisque son auteur Auguste Vinson,, le publiait par épisode dans le Créole[2].

 

Le témoignage d’Auguste Vinson, décrit les conditions de vie des Indiens avant de rendre compte à proprement dit des prémices du « folklore malbar ». A l’évidence, ces Coolies, tant décriés pour leur « vantardise », leurs goûts prononcés pour les couleurs vives, se contentent ici de peu d’accessoires pour organiser leur divertissement. On note d’abord la discipline des spectateurs, « nombreux, étaient rangés en demi-cercle : le fond, en face de nous, était réservé aux acteurs ».

Face à l’évènement « insolite », A.V pense avoir à faire à « une comédie-ballet, une bonne et vraie comédie en cinq actes, en grande partie mimée,avec chœurs, danses, chants et dialogues. Tous les genres s’y trouvaient ». Ensuite notre « reporteur » qui a précisé son statut de surveillant ce soir-là des 500 Indiens des lazarets, narre le spectacle pour le lecteur non-averti. A. Vinson, en concluera en fin de soirée, que cette « fine comédie, dans sa facture philosophique, représente les scènes de la vie humaine : un vieux sot qui est dupé ; une jeune intrigante qui l’exploite, et un plus habile qu’eux qui profite de tout, en courant très peu de périls ». Dans cette morale, doit-on y déceler l’analyse de ces immigrés sur leurs congénères que ce soit, les mestry, (rabatteur), ou les agences d’émigrations qui leur auront laisser dans certains cas des souvenirs désagréables.

 

Le théâtre indien ou terou kuttu, était l’un des rares moments de divertissements des travailleurs après le travail des champs et des usines. Malheureusment peu de témoignages nous sont rapportés sur ces soirées interminables. Ces spectacles ou bal tamoul se déroulent aujourd’hui de manière confidentielle, lors de certaines festivités. Mais le récit de A. Vinson, est  exceptionnel quelques dossiers[3] font allusion aussi à ces soirées de fêtes.



[1] VINSON Auguste, bulletin de la société des Sciences et Arts de l’ile de La Réunion, pp. 61, à 70, année 1882, St Denis, typographie de G & Gaston de Lahuppe

 

[2] Journal Le Créole (23.04.1883- ADR 1PER 26/2)

 

[3] Le 31 juillet 1871, les voisins  de Lazarre du Camp-Ozoux (Saint-Denis) se plaignent des nuisances qu’il occasionne, notamment M. de Palmas. L’auteur de ces troubles, explique qu’il répète tous les soirs la pièce Ste-Marguerite, et qu’il possède une autorisation du maire. Le voisinage affirme qu’il reçoit régulièrement la nuit ses compatriotes, dans une ambiance bruyante. Le commissaire de Police est invité à retirer l’autorisation accordée à LAZARRE. Le 7 juillet 1870, LAZARRE surprend, en adressant une lettre au gouverneur. On peut y lire qu’« il n’est guidé par aucun intérêt, si ce n’est que de convertir ses semblables, qui ne sont pas encore éclairés par notre religion (catholique romaine NDA) ». LAZARRE expliquera, en outre, que sa pièce a toujours connu un succès retentissant. (4T62)


Commentaires: 1
  • #1

    Patrice (lundi, 18 février 2013 20:09)

    Merci à Mr Jean Regis de faire connaître nos traditions !